눈이 내린다. 기차가 버려진 거대한 금속 도시를 가로지른다. 이따금씩 연기 기둥이 회색빛으로 낮게 깔린 하늘을 스쳐지나간다. 왕빙 감독의 첫 작품인, 아홉 시간이 넘는 중국영화의 낯선 물체인 <철서구>는 그렇게 시작하며 다큐멘터리 역사의 중요한 획을 긋는다.
1년6개월간, 이 젊은 감독은 중국 북부 선양의 한 공업도시의 마지막을 찍었다. 그는 한때 100만명에 이르는 노동자들이 고용됐던 어마어마한 작업장인, 마오쩌둥 시대가 만들어낸 이 괴물의 마지막 순간과 노동자들이 거주했던 티엑시의 사라짐을 그린다. SF영화의 실제 풍경을 가진 티엑시는 철길로 둘러싸여 있는데, 그것들은 엄청난 이동촬영에 이용되고 작품의 구조를 이루기도 한다. 즉, <철서구>는 <녹>, <철로> 그리고 <폐허>라는 제목의 세 부분으로 나뉘어 있는데, 어떤 순서로든지 볼 수 있다. 다시 말해 영화는 닫힌 이야기 구조의 원을 이루고 있다.
<철서구>는 진정한 정치영화는 아니다. 어떤 내레이션도 없고, 왕빙 감독은 노동자들의 운명에 관한, 굴착기에 의해 부서진 판잣집(가건물)들의 비참함에 관한 어떤 논평도 하지 않는다. 감독의 몸에 기댄 디지털카메라는 단순한 눈, 렌즈가 되어 잔해 속으로 나아가고 그 현장의 증인들을 만나고 그들과 공감을 나누지만, 결코 판단하거나 동정은 하지 않는다. 우리도 그들 속에 빠져들어 운명을 함께한다. 왕빙 감독은 이렇게 숙명적인 분위기를 창조한다. 즉, 한 인생 전체가 마치 소용돌이에 휘말린 것처럼 아무런 흔적도 남기지 않고 지워져버리고, 주민들은 한명씩 한명씩 사라진다. 따라서 영화 속엔 뒤엎어진 석고가루 봉투의, 메말라 부스러진 대들보의 먼지로 가득 차 있고, 그것은 연기로 사라져버린 한 세계의 주체이다.
무엇보다도 <철서구>는 그 내용이 전복적이다. 이 작품은 미디어에선 거의 부재하는 또 하나의 중국을 보여준다. 티엑시에는 일하는 사람이라곤 없고, 젊은이들은 희망없이 살며, 모두가 아무것도 하지 않는 것에만 사로잡혀 있거나 단지 작은 속임수만으로 살아남는 것에만 관심이 있는 것처럼 보인다. 한 인물의 다음과 같은 말처럼. “난 과도기에 있어요… 5년 전부터.” 일상적으로 우리가 듣는 중국의 역동성과 성장률과는 거리가 멀다.
그리고 시선을 붙들어 매는 것은 바로 형식이다. 그렇다면 어째서 왕빙 감독은 한 구역의 삶 1년6개월을 이야기하기 위해 아홉 시간이나 필요로 했을까? 아주 단순한 경험에서 출발할 필요가 있다. 즉 만약 당신이 기차에서 창 밖을 볼 때, 기차가 빠르면 빠를수록 또렷하게 보이지 않는다는 것을 경험했을 것이다. 그런데 감독은 이 원형 구조를 통해 시간을 늦추었다. 그렇게 해서 우리는 실제론 단 한번만 찍은 중국의 새해를 부분마다 한번씩 보아 세번을 보게 된다. 그것은 단순한 잔꾀가 아니라 매우 뛰어난 영화작가의 발명인 절제된 형식이다.
그의 영화는 몇몇의 현대영화들과는 반대되는데, 속도와 간결함에 광적으로 사로잡혀 결국은 아무것도 보여주지 않고 끝내는 것이 본질로 향하는 것이라고 믿는 텔레비전과는 무엇보다도 반대된다. 왕빙 감독은 사건을 압축하고 줄이는 대신에, 확장하고 속도를 줄여 느리게 하는 것을 선택했다. 그리고 불현듯, 그는 보이게 만든다. 그는 이 독특한 역설을 이해한 것이다. 다시 말해, 1년 만에 한 거주지와 주민이 사라지는 것 같은 급격한 사건을 세세히 이야기하기 위해선 아홉 시간은 족히 필요했다는.
이 영화는 올 여름 프랑스의 한 예술영화 전용관에서 상영돼 큰 성공을 거두었다. DVD로 막 출시되었고, 이 독특한 작품을 소장해 각 부분을 가능한 한 모든 방향으로 보고 또 보려는 사람들이 많다. 낡은 세상의 무너짐을 보여줌으로써 왕빙 감독은 하나의 강력하고 혁신적인 영화 작품을 창조해냈다.
A l’ouest des rails
Il neige. Le train longe une énorme ville de métal désertée. De temps en temps, des colonnes de fumée effleurent le ciel gris et bas. Ainsi commence « À l’ouest des rails », premier film de Wang Bing, ovni cinématographique chinois de plus de neuf heures, date importante dans l’histoire du documentaire.
Pendant un an et demi, le jeune réalisateur a filmé l’agonie d’une cité industrielle de la ville de Shenyang au nord de la Chine. Il décrit les derniers instants de ce monstre maoïste, paquebot gigantesque qui employa jusqu’à un million d’ouvriers, et la disparition du quartier de Tiexi où ils logeaient. Véritable paysage de science fiction, Tiexi est ceinturé par une ligne de chemin de fer qui servira de travelling géant au cinéaste et de structure à l’œuvre : « A l’ouest des rails » se divise en trois parties, intitulées « Rouille », « Rails » et « Vestiges », qui peuvent se voir dans n’importe quel ordre. Le film forme donc un cercle, un récit fermé sur lui-même.
« A l’ouest des rails » n’est pas vraiment un film politique. Il n’y a pas de voix off, Wang Bing ne livre aucun commentaire sur le sort des ouvriers, sur la misère des baraques détruites par les pelleteuses. La caméra DV appuyée contre le ventre du cinéaste devient un pur œil, objectif qui avance dans les décombres, rencontre des témoins, sympathise avec eux, mais jamais ne juge ou ne plaint. Nous sommes plongés parmi eux, liés à leur destin. Wang Bing crée ainsi un climat de fatalité : toute une vie s’efface sans laisser de traces, un à un les habitants disparaissent, comme emportés dans un tourbillon. Il y a donc beaucoup de poussière dans le film (des sacs de plâtres renversés, des poutres qui s’effritent…), motif d’un monde qui part en fumée. « A l’ouest des rails » bouleverse tout d’abord par son contenu. Il donne à voir une Chine quasiment absente des médias. Personne ne travaille à Tiexi, les jeunes sont sans espoir, tous semblent occupés à ne rien faire ou à survivre de petites combines. Comme dit l’un des personnages : « je suis dans une période de transition… depuis cinq ans. » On est bien loin des taux de croissance et du dynamisme chinois dont on entend parler quotidiennement.
Puis, c’est la forme qui interpelle le regard. En effet, pourquoi Wang Bing avait-il besoin de neuf heures pour relater un an et demi de la vie d’un quartier ? Il nous faut partir d’une expérience très simple : si vous regardez à la fenêtre d’un train, vous constaterez que plus on va vite, moins on voit clair. Or, Wang Bing, par cette structure en cercle, ralentit le temps. Nous assistons ainsi à trois nouvel ans chinois (un par partie) alors qu’il n’en a filmé qu’un seul. Il ne s’agit pas d’une astuce mais d’une invention de très grand cinéaste, une forme de sagesse aussi. Son film s’oppose à un certain cinéma moderne mais surtout à la télévision qui, obsédé par la vitesse et la concision, finit par ne plus rien montrer en croyant aller à l’essentiel. Au lieu de compresser les événements, de tout réduire, Wang Bing a choisi de dilater, freiner, ralentir. Et soudain, il rend visible. Il a compris ce paradoxe extraordinaire : il fallait bien neuf heures pour raconter en détail un événement aussi fulgurant que la disparition d’une cité et de sa population en un an.
Ce film a connu un grand succès dans le circuit « arts et essais » cet été en France. Il vient de sortir en dvd et nombreux sont ceux qui ont envie de posséder cet objet étrange, le voir et le revoir par partie, dans tous les sens possibles. En montrant l’effondrement d’un monde ancien, Wang Bing a su créer une œuvre cinématographique puissante et novatrice.